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Je me revoyais encore, luttant contre le sommeil les yeux mi clos en train d'essayer de garder le contrôle de moi-même et du véhicule. Je ne doutais pas de mes capacités et j'étais certaine de pouvoir continuer à rouler le reste de la nuit mais Nouka avait remarqué que je ne tenais plus. Nous avions alors échangé nos rôles, lui au volant, moi sur le siège passager. J'avais posé ma tête contre la vitre et ramené mes pieds sur le tableau de bord, une position agréable pour tenter de récupérer. Très vite mon esprit se mit à vagabonder alors que je regardais la route s'étaler à perte de vue. Nous roulions depuis des heures et quasiment rien ne venait troubler le fameux calme de la route 66. Presque pas d'arbres sur le côté de la route, ou alors une végétation aride ou brûlée par le soleil qui tapait en continu la journée, un espace infini entre chaque signe de civilisation, non, vraiment rien ne venait nous sauver de cet ennui mortel. Si au moins il y avait eu des gens, j'aurais pu les observer, les critiquer comme je le faisais si bien... S'il y avait eu des routiers j'aurais pu leur faire signe, mais là... Rien. La nuit était calme et finalement je m'endormis quelques secondes plus tard. Mes rêves furent secouer de souvenirs, de vague de douleurs et de chagrin, comme à chaque première phase de mon sommeil. Je revoyais des images enfouies depuis trop longtemps essayer de sortir de leur tiroir fermé à double tour. J'essayais de ne pas les laisser s'échapper, d'être fortes mais comme toujours elles avaient le dessus. Pourtant, elles passèrent plus vite que d'habitude et j'attaqua ma seconde phase de sommeil, la fatigue sûrement m'épargnait quelques minutes de calvaire pour cette fois-ci.

Je nous revoyais, tous les deux dans la même position mais évidemment dans une autre voiture. Cela faisait seulement deux jours que nous nous étions rencontrés mais Nouka m'avait de suite suivit, fort de sa maitrise sur lui-même il avait apprécié l'aide que je lui avais fournie. Jeune loup fraichement transformé il ne parvenait pas à comprendre ce qui lui arrivait et alors que je passais dans le coin, je sentis son odeur et sa présence. Tout simplement je m'étais décidée à aller jeter un coup d'oeil, rencontrer un nouveau modificateur était toujours intéressant et lorsque je tomba nez à nez ou plutôt museau à museau avec lui je compris de suite que quelque chose n'allait pas pour lui. Personne ne lui avait expliqué ce qu'il était devenu, il se considérait loup et en aucun cas humain alors qu'il l'était avant tout. Il me faisait un peu penser à moi, seule contre le monde devant apprendre tout par moi-même, ma condition, mes forces, mes faiblesses et surtout mes buts. Je me devais d'être là pour lui pour ne pas qu'il devienne un solitaire acharné comme moi. Je l'avais donc pris sous mon aile, et lui avait redonné confiance en lui, il avait finalement accepté de tenter de redevenir humain et avait réussit avec succès. De lui-même il décida de me suivre, il était avide de connaissances et moi j'étais une mercenaire au service des Volturi, encore autre chose que le pauvre Nounou ne connaissait pas, les vampires. En deux mots Meurtres et Haine je lui avais tout appris sur eux. Il était un peu réticent de travailler pour ces créatures mais il me faisait confiance et finalement tout le clan l'accepta très vite. Ma réputation me précédait et jamais je ne me trompais Nouka Islanzadi était fait pour devenir comme moi. Un petit sursaut de la voiture me fit soupirer, je sortais de ce rêve flash back et revenait à moi petit à petit, la nuit avait fait place au jour et le soleil se levait, je me frotta les yeux sous la lumière aveuglante et bailla longuement avant de me redresser et d'adopter une position plus normale. Nouka s'excusait de m'avoir réveillé en quelques sortes... Je lui souris et alluma la radio.

_Ne t'en fais pas, j'ai eu mon compte de sommeil... Ce qui était techniquement faux car je dormais autant que je ne restais éveillée. Tu veux que je conduise ? J'étais maintenant parfaitement réveillée et à part l'envie de m'étendre de tout mon long, j'étais prête à prendre le relai.

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Mon coeur eut un raté, quoi ? Panne d'essence ?! Mais c'était le pire qui pouvait nous arriver. Pourtant je ne stressais pas, j'avais eu une seconde de déstabilisation mais je m'étais reprise, rien n'était grave pour l'instant. J'étais une louve et Nouka un loup, si vraiment nous en étions obligés alors on se transformerait. J'étouffai un petit rire tandis que l'image de deux gros loups gambadant le long d'une route déserte s'insinua dans mon esprit. "D'accord, je n'oublie pas ce que tu viens de dire, à la prochaine station je conduis !" Je lui lança un regard plein de sous entendus et me remit à regarder la route, longue, si longue.... Soudain le moteur crapota et la voiture ralentit, sérieusement je ne m'attendais pas à ce qu'elle nous lâche aussi vite. Je lança un chapelet d'injures, non destinées à quelqu'un en particulier et me tourna vers Nouka qui me regardait d'un air chargé d'excuses. "Tu n'y es pour rien voyons, allez sortons de la voiture je n'en peux plus !" Sortant rapidement de l'habitacle, je respira à pleins poumons et essaya de faire craquer tout mes muscles endoloris. Je regardai Nouka de l'autre côté de la voiture avec une idée en tête mais je ne pouvais pas lui demander ça, je savais pertinemment qu'il dirait oui et que nous serions encore dans une situation ambiguë. Pourtant mon dos et mes épaules me faisaient souffrir le martyre. J'avançai jusqu'à l'avant de la voiture et envoya valser mon pied dans le pare-choc qui trembla sous le choc. J'étais aigrie, morose. Tout se passait bien et voilà que cette tuile nous tombait dessus sans prévenir ! Comment n'avait il pas vu qu'on manquerait bientôt d'essence ? En même temps ce n'était pas vraiment de sa faute car même s'il l'avait vu, les stations sont tellement éloignées qu'il n'aurait rien su y faire... Je soupirai de mal être tandis que je m'asseyais sur le capot avant d'un air nonchalant. "Ca me fait vraiment une belle jambe..." murmurais-je. Nouka riait, je l'entendais essayait de se retenir mais malgré cela j'avais décelé son hilarité. "Tu trouves que la situation est drôle ?!" dis-je en me retournant. Sans prévenir, je sauta par dessus le capot et me jeta sur son dos, il me rattrapa de justesse et je pouvais déjà imaginer sa tête. "Si ça te fait tant rire, allons chercher de l'essence dans la ville la plus proche, mais il est hors de question que je marche !" Je n'avais aucune envie de me taper 20 bornes à pieds, et je savais que Nouka n'en avait pas réellement envie non plus... Que faire ?