Nouvelle.
Anjo Das Trevas.
Il faisait chaud, très chaud, trop chaud. Le paysage dansait sous ces yeux. La chaleur lui aurait-elle fait perdre la tête ? Ou était-ce autre chose ? Elle ne marchait pas très droit et sans savoir où elle allait. Une seule idée en tête : il fallait qu’elle trouve de l’aide. De l'aide mais pour quoi faire ? Sa vue s'éclaircit malgré les points noir qui tournoyaient. Une bande gris, La route. Elle avait gagnée la route. Quelle route ? Où était-elle donc ? Elle passa la rambarde et s’y accrocha fiévreusement. Elle avança. Elle ne savait pas où elle allait mais elle avançait droit devant elle, Sans but, elle avançait, Elle finit par tomber à genou. La douleur était-elle due au choc ou datait-elle d’avant ? Elle voyait un filet rouge se répandre : du sang ! Son sang. Le sol se rapprocha dangereusement et quelque chose de chaud toucha sa joue. Elle gardait les yeux grands ouverts mais ne voyait que de point noirs qui dansaient et quelques touches de couleur par endroit. Elle avait mal, trop mal. Ce n’était pas normal. Elle sombra tout doucement comme si on coupait les fils qui la retenait ici un par un. Son esprit délira.
-Maman ? Mamaaaaan !
Une enfant qui riait aux éclats. L'enfant poussa un cri de joie et se précipita. Elle sauta dans les bras de sa mère et la serra très très fort. Elle nicha son nez dans le cou de sa mère et sourit aux anges, Sa grande sœur, qui était derrière assise sur le canapé, sourit également devant une telle effusion de joie. Elle aimait beaucoup la petite et voulait la préserver.
-Oui, c’est moi mon ange.
-Tu m’as manqué.
L’enfant parlait avec la voix d’un bambin de deux ans et sa voix était douce et fluette. Elle savait que cela ferait sourire tout le monde, Elle était intelligente et savait manipuler à sa guise son petit monde. Son aînée se leva et la prit des bras de sa mère en embrassant sa tête.
-Maman est très épuisée par le voyage alors tu vas la laisser se reposer, lui expliqua-t-elle.
Mais le regard qu’elles échangèrent n’échappa pas à la petite, de même que les hématomes qui couvrait les poignets de sa mère. Elle avait si souvent vu les même sur ceux de sa sœur. Elle savait très bien d’où ils venaient et qui leur faisait ça. Elle avait à peine cinq ans. -Mademoiselle ! Mademoiselle ! MADEMOISELLE !
Quel était donc ce bruit si peu agréable. Et pourquoi voyait-elle tout rouge comme si ses yeux étaient recouverts d’un voile de cette couleur ? Elle voulu ouvrir la bouche et commença même quand un son insupportable se fit entendre. Elle referma précipitamment la bouche et le son disparut. Elle comprit que c’était elle et se promit de ne pas rouvrir la bouche avant d’être sur de comment on fait pour parler. Elle passa une main sur ses yeux et comprit que le voile rouge n’était d’autre que ses paupières. Elle se força à les ouvrir. Sa vision s’emplit de taches blanches. De la lumière. Elle plissa les yeux et attendit de s’y habituer.
-Bonjour Mademoiselle ?
Elle tourna la tête et vit quelqu’un en blouse blanche. Un médecin. Pourvu que ce ne soit pas un psy. Pourquoi pensait-elle ça ? Qu’avait-elle contre les psy ? Elle essaya de se souvenir mais ne réussit pas, comme si sa mémoire était vide.
-Je suis le Docteur Moron et c’est moi qui me suis occupé de vous pendant votre coma. Pouvez-vous me dire votre nom ?
Coma ? Elle avait été dans le coma ? Cela expliquerait peut être sa perte de mémoire. Elle avait beau fouiller toute sa tête, elle ne se souvenait que de ce bout de route et de cette enfant dans les bras de sa mère. Son nom ? Elle ne s’en souvenait même pas. Elle eut soudain peur, très peur. Qui était-elle ? Elle ne se souvenait même pas de qui elle était.
-Non.
Sa voix était à peine audible, elle haussa le ton et ce coup si sa voix était froide, méchante presque.
-Non, je ne m’en souviens pas !
-Vous souvenez vous de quelque chose ?
-Je viens de vous dire que je ne me souvenais pas !
Elle avait crié. Fort. Très fort. Le médecin eut l’air surprit et nota quelque chose dans son carnet. Il était clair qu’il pensait qu’elle n’avait pas toute sa tête. Mais elle, elle pensait qu’il n’avait pas autre chose à faire que de lui poser des questions alors qu’elle venait à peine de reprendre conscience.
Elle passa plus d’une semaine clouée au lit pour son plus grand énervement. Elle ne supportait pas de rester là, comme une incapable. Elle voulait bouger. Son corps avait besoin de mouvement et elle sentait de courbatures venir à rester immobiles. Durant cette semaine, elle apprit néanmoins certaines choses. Des choses et d'autres avec toutes plus ou moins d'importance mais c'était toujours cela. Déjà qu’on l’avait retrouvée un soir d’été, ensanglantée, au bord d’une autoroute de campagne. Elle était déjà dans le comas à ce moment là et on n'avait pu retrouver trace d'où avait eu lieu l'accident ni avec qui elle était. Elle fit la connaissance de Eleonor et Mike, le couple qui l’avait trouvé. On lui apprit également qu’elle s’appelait surement Gabrielle puisque tous les habits qu’elle portait ce jour là avaient d’écrit sur leur étiquette « Gabrielle ». C'étaient surement ses habits et ce nom lui plaisait bien, Il avait une jolie consonance et résonnait comme le murmure d'un souvenir dans ces oreilles. Mike et Eleonor lui firent part de leur désir de l’adopter si on ne retrouvait pas sa famille. Ils lui apprirent que dans ce cas là, ils pensaient lui donne comme deuxième prénom Alice puisque c’est le nom qu’elle avait crié lors des ses délires comateux. Cela ne la dérangeait pas. Elle n'avait ni souvenirs ni famille qui se souviendrait pour elle. Elle était seule.
Il lui fallut deux semaines avant de ressortir de l’hôpital. Elle commençait à ne plus supporter rien dans ce bâtiment. Elle approchait grandement de la crise nerfs mais réussissait à se contenir. Personne, ni journaux ni humains, n’avait parlé de la disparition d’une jeune fille d’environ quinze ans et personne n’était venue la réclamée. Elle semblait ne jamais avoir existé. D'où venait-elle réellement ? Personne ne le savait et personne n'arrivait à le savoir. Elle alla donc vivre chez Mr. et Mrs Robson. Elle devient leur fille. Cela ne semblait pas la toucher plus que ça. Les médecins allaient à se demander si elle ressentait la moindre émotions; Ils en conclurent seulement qu'elle savait très bien les cacher. Ils lui dirent que si bien sur elle retrouvait trace de son passé, elle pourrait changer de nom de famille. Ils lui proposèrent même de l'aider à faire des recherches et d'annuler l'adoptions si elle retrouvait sa famille. Elle leur fut très reconnaissante, surtout qu'elle savait que pour eux avoir un enfant était important et qu'ils n'en avaient pas. Enfin si maintenant ils l'avaient elle. Au fond, elle se disait qu'ils auraient pu tomber mieux, bien mieux. Quelques jours plus tard toute la famille était réunie pour l’accueillir. Elle essaya de faire un effort, mais elle restait elle-même. C'est à dire quelqu'un qui pouvait être insupportables. Elle avait tant de mal avec toutes ces marques d'affections, fausses d'après elle. Elle semblait bien solitaire dans ce grand groupe. Mais ses nouveaux parents ne perdaient pas espoir. Ils savaient qu'ils en feraient quelqu'un intégré dans la famille. C’est ce jour là quelle tomba sous le charme de son cousin de quatre mois.
-Alice, pourquoi les oiseaux ont des ailes ?
-Pour pouvoir voler assez haut pour que les chats ne les attrapent pas.
La petite rigola et essaya encore une fois d’attraper les oiseaux avec ses petites mains. Elle riait aux éclats et sa grande sœur la regardait tendrement. La petite sauta des genoux d’Alice et courut dans le jardin. Le petite se disait que plus tard, elle serait un oiseau, Personne ne pourrait l'attraper et encore moins la manger. Alice se leva quand une voiture rentra dans l’allée dans une sorte de dérapage. La jeune fille se stoppa et son regard se changea dans une sorte de terreur suprême. La fillette regardait sa sœur et malgré son jeune âge elle savait ce que ce regard voulait dire.Le lycée, un cauchemar sur terre. Il n'y avait pas d'autre terme pour décrire cela. C’était surement le dernier endroit où Gabrielle voulait passer ses journées. Et pourtant… Elle était là, devant l’entrée de l’espèce de cour/parc de cet établissement scolaire. Elle ne se sentais pas chez soi ici. Ce n'était pas son monde. Elle voyait les gens parler, gigoter, bouger. Gabrielle pris une grande inspiration. Elle n'avait pas le choix n'est-ce pas ? Que faire d'autre que y aller ? Elle repoussa encore un peu plus son sac sur son épaule et entra. Elle vit des gens lui sourire, d’autres la saluer. Elle, elle marchait droit devant sans jeter un regard à personnes. Elle détourna la tête pour ne pas leur répondre, ferma les yeux pour ne pas les voir. Pourquoi serait-elle polie avec eux ? Soudain un jeune homme lui rentra dedans. Il faut dire que marcher les yeux fermés n'aide pas à éviter quelqu'un. Elle perdit un peu l’équilibre et se raccrocha à sa chemise pour ne pas tomber. Elle s'y accrocha d'une façon qu'elle-même jugea presque désespérée. Elle resta là quelques instant, collée à lui, à son torse, regardant tout sauf le visage de celui qu'elle avait percuté. Elle finit par se détacher de lui, passer une main dans ses cheveux avant de le regarder. Elle était légèrement gênée. Elle qui voulait éviter les autres lycéens à tout prix, elle venait de s'accrocher à l'un deux d'une façon qui pouvait passer pour non innocente. Elle releva la tête pour le voir. Elle eut le souffle coupé. Pas à cause de sa beauté, bien qu’il fut beau dans son genre, mais plus par son regard. Un regard froid et calculateur, un regard dur qui ne contenait pas la moindre trace de compassion. Ce regard qu’elle avait tant vu dans le miroir. Son regard.
-Excuse moi tu ne t’es pas fait mal ?
Gabrielle redescendit sur terre. Elle analysa rapidement ce qui venait de se passer. Il avait une voix grave mais si froide comme la sienne. Cette voix lui plaisait. Elle lui sourit.
-Non pas du tout. Et toi ?
-Non plus.
-Désolé, j’étais ailleurs, je ne regardais pas où je m’étais les pieds.
Il lui sourit en levant les yeux au ciel. Du genre, pourquoi est-ce qu’elle s’excuse ? A ces yeux, c'était à elle de s'excuser et non à lui. Cela lui apprendrait à marcher les yeux fermés. Elle fit de même devant la tête du garçon. Ils se regardèrent et rirent.
-Je m’appelle Axel et toi ?
-Gabrielle.
-Ca te va bien.
Elle lui sourit et ils rentrèrent dans l’établissement. Étonnamment, elle se montra très polie. Il l'intriguait plus qu'elle ne lui laisserait croire. Et puis qui avait dit qu'elle ne devait parler à personne ? Elle l'avait pensé mais seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. En lisant les listes, ils virent qu’ils étaient dans la même classe.
-Gabrielle
Un cri d’enfant et un rire de fillette. Pourtant c’étaient deux adolescents qu’elle voyait. Elle rêvait, à moins que ce soit qu'elle se souvenait. Elle n'essayait pas de comprendre ce que c'était exactement. Cette blonde serait-ce elle ? Et ce jeune homme qui était-ce ? Quelle était cette façon qu’il a de la regarder ? Comment s’appelait ce sentiment ?
-Gabrielle, ne refais jamais ça !
Il l’attrapa par la taille et l’attira à lui. Il passa une main dans les cheveux blonds de la fille, tout en appuyant son front contre le sien. Il avait l’air soulagé, en colère et heureux, profondément heureux.
-Pourquoi ? C’était drôle.
Pas de doute, cette demoiselle blonde c’était bien elle. Était-ce un de ses souvenirs perdus ? Qui était ce garçon ? Qu’était-il devenu depuis tout ce temps ?
-Non. J’ai eu si peur. Gabrielle se réveilla en sursaut. Elle regarda au tour d’elle et vit qu’elle était seulement dans sa chambre. Elle s’essaya du revers de la main le front en repensant à son rêve. Elle était sur que c’était l’un de ses souvenirs mais elle n’arrivait pas à mettre la main dessus totalement. Il manquait tant de chose. Qui était ce garçon ? Qu’est-ce qui les unissaient ? Où se trouvaient-ils ? Elle en avait marre de se poser toutes ces questions. Gabrielle se leva et alla dans la salle de bain. Elle s’aspergea le visage d’eau et contempla dans le miroir. Elle était perturbée et elle savait quoi faire pour se détendre. Elle s’habilla rapidement, prit un gros sac posé au pied de son lit et quitta la maison.
Elle allait faire comme toujours quand elle se sentait mal : elle allait faire du sport. Elle pratiquait couramment la gymnastique et aïkido. Elle excellait dans ses deux sports. Le seul qui arrivait à la défier était Axel et encore ce n’était que pour l’aïkido. Axel, son meilleur ami, le seul. Cela faisait maintenant plus d’un an qu’ils s’étaient rencontrés et ils ne se lâchaient pas. Alors les rumeurs allaient de bons trains sur leur relation mais ce n’était que de l’amitié. Il la comprenait et l’écoutait. Gabrielle tenait à lui bien plus qu'elle ne le disait. Il l'avait aidé à voir la vie du bon côté, enfin d'un meilleur côté. Il était le seul qui arrivait à faire d'elle une jeune fille souriante. Elle l'adorait. Et il l'avait tant aidé. Gabrielle poussa la porte de la salle de sport en souriant. A peine fut-elle entrée que des gens la saluaient. Elle vivait ici depuis un an maintenant et tout le monde dans le village la connaissait. Elle était la fille des Robson, ce qui aidait surement pour se faire bien voir du voisinage. Mais devait aussi sa réputation à elle-même. Elle était une bonne sportive, une bonne élève. Elle aidait les vieux à traverser la route... Peu savait que c'était là l'extrême limite de sa gentillesse.
Elle se retourna et sourit; Il venait vers elle en courant et en agitant un papier dans sa main. Qu'vait-il encore à lui dire qu'il le rendait si joyeux ? Qu'était-il arrivé à son Axel pour qu'il soit si heureux et pressé de lui annoncer ? Axel, son meilleur ami, le seul, l'unique. Elle l'adorait et lui devait tant. Il l'aidait à savoir qui elle fut avant. C’était lui qui lui avait dit qu’elle avait un accent canadien et c’était avec lui qu’elle s’était rendu compte qu’elle parlait un peu français. C’était avec lui qu’elle avait épluché les journaux canadiens. C’était avec lui qu’elle avait trouvé une annonce déclarant la disparition d’une famille dans un accident de voiture il y a environ un an, cette famille avait une jeune fille du nom de Gabrielle, née à Ottawa. C’est lui aussi qui avait trouvé les deux articles. Le premier déclarait la mort d’une certaines Alice Woody ; Gabrielle se souvenait d’une sœur portant le prénom d’Alice, dont le meurtrier présumé était le père de la fille. Et le deuxième annonçant la mort du père de la dénommée Alice. Gabrielle a à la suite de ça fait des recherches. Et elle a découvert que cette Alice était sa grande sœur, les gens du quartier où elle aurait vécu petite l’on tout de suite reconnue quand elle y est allée en voyage de classe. Gabrielle a parlé à ses parents adoptifs, maintenant ce n’est plus Gabrielle Robson mais Gabrielle Woody. Alex. C’est lui qui l’avait présenté aux líderes, qui l’avait aidée à se faire acceptée. Lui qui avait gratté la surface pour découvrir aux yeux de tous l’Anjo qu’elle était. Son coéquipier, ils devaient être l’équipe qui donnait les meilleurs résultats, enfin dans la mesure où l'on calculait des résultat. Et pourtant, ils étaient parmi les plus jeunes du gens. Ils étaient montés bien vite en grade. Gabrielle n’avait aucune honte. Elle voyait ce qu’elle faisait avec froideur, avec un détachement inhumain. D’où cette froideur face à la mort lui venait-elle ? Pourquoi tuer la touchait-elle si peu ? Car c’est ça qu’ils faisaient : ils tuaient. Ils étaient l’équipe de tueurs d’un gang. Des rumeurs courraient sur le fait que ces meurtres étaient faits par une jeune femme blonde. C’est de là qu’est venu son surnom « Anjo das Trevas ». Tout le monde lui disait toujours qu'elle ressemblait à un ange et les rares témoins vivants de ce qu'elle faisait, Axel mis à part, avait du la prendre pour cela également. Son ami arriva à sa hauteur et lui mis un bout de papier son le nez.
- Devine ce que j'ai là !
- Je peux pas voir si tu me le colle au visage.
Elle avait pris un ton exaspéré mais elle ne le pensait pas. Elle recula un peu la feuille et commença par lui faire la bise en lui ébouriffant les cheveux. Axel n'était jamais coiffé et elle adorait le taquiner sur le sujet. C'était devenu une sorte de jeu de décoiffer l'autre. Elle prit ensuite ce qui semblait être deux billets. Elle les lu et releva la tête plus que surprise. Il avait réussi. Elle lui sourit malgré la surprise et alla déposer un baiser bruyant sur sa joue.
- Tu as réussi ! T'en as eu.
- Bien sur Anjo. C'est qui le meilleur ?
- Toi bien sur !
Elle lui sourit. Ils iraient à ce concert. Cela faisait des mois qu'ils en parlaient, qu'ils disaient qu'ils voulaient s'y rendre. Et ils y iraient. Axel avait réussi à avoir des places. Gabrielle était aux anges. Elle adorait ce groupe depuis très longtemps. C'était l'un des groupes de musique dont elle se souvenait malgré l'amnésie. Quand elle avait appris qu'il passait en ville, elle avait fait preuve d'une démonstration de joie assez inhabituelle pour elle. Il avait tellement aimé la voir comme ça qu'il s'était dit qu'il l'emmènerait à ce concert. Et voilà, qu'ils y allaient, tous les deux.
- Tu viendra à la maison après ? Qu'on se refasse une soirée tous les deux.
- D'accord, si mes parents sont d'accord. Puis on peut faire ça avant si tu veux.
- J'enfermerais Adam et Amy dans leur chambre.
- Ils t'ont rien fait pourtant. Même s'ils savent très bien être pénibles,
- Toi aussi !
Les deux adolescents éclatèrent de rire. Gabrielle avait parfaitement conscience d'être des fois difficile à vivre et pénible, surtout avec Adam, le jumeau d'Axel, quand il l'embêtait un peu. Elle n'en avait pas honte. Elle avait son caractère, et la parfaite connaissance de celui-ci en faisait parti. Elle avait aussi ce contrôle de soi qui rendait si jaloux les autres, particulièrement dans le gang. On avait l'impression que cette petite tête blonde ne ressentait aucune émotion. Comme si elle n'avait pas de cœur. Jamais personne ne l'avait encore vu faire preuve de compassion. En fait si mais à chaque fois, elle n'en avait été que plus désagréable et méchante après. Elle ne tirait aucun plaisir à sa méchanceté. Elle était ainsi c'était tout. Le seul des jeunes de son âge qui avait réussi à faire quelqu'un de gentil d'elle c'était Axel. Et lui seul savait à quel point il était chanceux.
Une robe noire achetée pour l’occasion. Une rose blanche comme les nuages. Une tombe de marbre. Un chagrin pour grand que l’univers. Une innocence perdue.
Elle savait. Oh, oui elle savait qui avait fait ça. Elle savait qui l’avait privé de son Alice. Elle savait à cause de qui elle était là devant cette tombe. Elle savait que l’homme qui l’attendait, en faisant semblant de pleurer, pour la ramener chez elle était le meurtrier de sa sœur. Elle le savait, et elle savait ce qu’elle allait faire. Elle pleura. Sa main se serra sur un petit objet dans poche. Elle jeta la rose.
Une demi-heure plus tard, l’homme se gara dans la rue plutôt que dans l’allée comme si il savait déjà ce qui allait se passer. A l’arrière la petite fille toujours aussi silencieuse. Son regard avait changé. Perdue toute l’innocence de l’enfance, celle-ci avait été remplacé par un froid, un froid qui fait peur.
Elle sortit de la voiture et ferma la porte, fort, sans un bruit. Elle recula de quelque pas et l’homme commença à ce demander ce qui se passait. Il l’appela, la questionna mais elle resta là, silencieuse à le regarder au fond des yeux, les mains dans son dos.
Puis elle leva la main. Elle tenait dans sa petite poigne une allument en flamme, couverte d’huile. Elle la jeta, de toutes ses forces, sur la voiture. Une demi seconde plus tard, l’engin explosa et la fillette se retrouve projeter au sol. Elle avait vengé sa sœur. Ils étaient là assis tous les deux et ils regardaient le soleil se coucher. L’année scolaire venait de toucher à sa fin, les épreuves du bac avec. Plutôt qu’aller fêter ça en se soulant la gueule, ils préféraient être là que tous les deux et regarder le soleil disparaitre.
-Est-ce que tu regrette ?
Axel se tourna vers Gabrielle en fronçant les sourcils. Pourquoi lui posait-elle cette question ? Il avait si peur qu’elle est des remords. Il savait trop bien ce qui attendait ce genre de personne.
-Regretter quoi ?
-Ne fais pas l’idiot. Tu sais très bien de quoi je parle. Je parle de ce qu’on a fait.
Le jeune homme soupira. Elle avait parlé avec une toute petite voix. La voix qu’elle avait quand quelque chose la dérangeait, la tracassait. Il savait qu’il ne pouvait pas lui mentir et qu’elle connaissait déjà la réponse.
-Oui, j’ai des remords. Je ne regrette pas, mais j’aurais aimé ne pas le faire.
-Il ne faut pas ! Tu sais ce qui t’attend si tu le fait.
Elle avait l’air de panique. Elle s’était brusquement tourner vers son ami, parce que jusqu’à lors elle regardait au loin, et lui avait prit les mains. Son regard était rempli de peur. Axel en fut perturbé, jamais il ne l’avait vu avoir peur.
-Je n’y peux rien. Crois-moi, je préférais être comme toi et arriver à en faire abstraction mais je ne peux pas. Je sais ce qui va m’arriver.
Gabrielle inspira un bon coup. Et se leva. Elle continuait de le regarder droit dans les yeux comme si elle voulait lui faire comprendre quelque chose.
-Reste avec moi, je t’en prie.
Elle avait à peine chuchoté mais il l’avait comme même entendu. Elle ne voulait pas le perdre, c’était son ami et elle tenait à lui beaucoup. Il eut envie de se lever, de l’embrasser, de lui dire qu’il l’aimait mais il savait qu’il était son ami et qu’un ami n’avait pas à faire ou dire ça. Elle reprit enfin la parole.
-Je sais enfin qui est ma première victime. Je n’ai aucun remord. Voilà pourquoi tuer ne me gêne pas.
Elle partit.
Elle le regarde. Comme tous les soirs depuis le début des vacances, il est là assit, les pieds dans le vide, à regarder le soleil disparaitre à l’horizon. Elle soupire. Elle ne veut pas, elle ne peut pas.
-Gabrielle. Je sais que t’es là, viens.
Il sait très bien pourquoi elle est là, il l’a deviné. Pourtant il ne lui en veut pas. Elle s’avance tout doucement. Elle porte une robe blanche, la même que le jour où ils sont se rencontrer. Il apprécie le geste, il se dit qu’il a bien profiter d’être à ses côtés. Elle s’assoit à côté de lui et lance ses jambes dans le vide.
-Je suis déçu qu’ils t’aient choisi toi. C’est logique mais je …
-Tu aurais voulu que quelqu’un d’autre que ton amie fasse le sale boulot. Je crois que je commence à comprendre le sens du mot remord. Je n’arrive pas à me décider de te tuer.
-Pourtant tu es là, ce soir…
-Je veux pas le faire, je peux pas le faire,
Il prit un poignard à sa ceinture et le posa dans la main de Gabrielle qu’il referma. Il se mit à genou et prit le poignet de son amie dans sa main, il dirigea la lame droit vers son cœur. De l’autre main, il attrapa le visage de la jeune fille, qui était maintenant couvert de larmes, et posa doucement un baiser sur ses lèvres.
- Une belle mort…
Et il enfonça le couteau dans sa poitrine. Gabrielle cria.
-Tu lui manque tu sais.
-Je sais.
-Tu pourrais aller la voir de temps en temps, comme tu viens me voir.
-Je ne peux pas.
-Pourquoi ? Que s’est-il passé le jour de l’enterrement d’Alice pour que tu sois devenue comme ça.
-Parce que !
Elle criait.
-Parce que toi aussi tu relis ce jour à Alice alors que notre père est mort ce jour. Parce que toi tu n’as rien pu voir ! Et tu voudrais que j’oublie tout, sans savoir quoi, et que j’aille comme même la voir.
Sa voix était redevenue murmure. C’était la première fois qu’il se disputait. Jamais au pars avant, alors qu’ils avaient pourtant quatorze ans, une dispute ne les avaient opposé. Il la regardait avec de grands yeux. Elle reprit, imperturbable.
-Elle, elle a tout comprit. Elle aimait notre père. Je ne veux pas affronter son regard. Je sais c’est lâche. Mais elle m’en voudrait, alors qu’elle n’avait rien fait elle non plus. Moi, je savais peut être ce qui se passait mais j’avais sept ans. Elle, elle savait et elle est une adulte. C’est sa faute au tant que la mienne, mais surtout la sienne si Alice est morte. Oh, bien sur, la faute revient au meurtrier.
-Qu’est-ce que tu raconte ? De quoi tu parles.
- Je ne veux pas t’expliquer ce que tu ne voyais pas à l’époque, c’est trop long, trop dur. J’essaye de te faire comprendre que ni moi ni elle ne voulons de cette rencontre. Que je lui manque peut être mais qu’elle ne me manque pas le moins du monde. Je suis bien ici et maintenant. Si tu es contre, vas-t-en.
Il la regardait dans les yeux, se demandant si c’était bien elle. Il commençait seulement à apercevoir ce qu’était sa sœur. Il se leva et ramassa son sac. Son regard sur elle se fit plus dur, alors que pourtant il ne savait toujours pas les évènements qui les avaient envoyés en famille d’accueil. Elle, elle maudissait la bêtise de son frère. Il émit un son méprisant et partit, sans un regard en arrière. Elle, restée seule avec sa colère froide, regardait les feuilles d’arbre tombées. Elle n’aimait décidément pas l’automne. Une invitation sous la pluie. L’enveloppe sous le fairepart, comme laissait à l’abandon dans une fuite précipiter. Une douleur trop forte réveillée par le papier noir.
Le cimetière, une cérémonie funèbre qui se déroule dans le plus grand silence. Un peu plus loin, une jeune fille qui semble se cachait derrière un arbre. Elle porte une robe blanche avec une écharpa noire. Dans sa main elle tient une rose blanche et une autre rouge. Le cercueil s’enfonce dans la terre. Elle pleure. De douleur, elle jette la rose blanche au sol et part, la rouge toujours dans la main.
Plus loin parmi les invité, une seule personne l'a vu. Elle se lève. Elle pose une main sur l'épaule de son frère pour lui signifier que ce n'est rien. Elle avance doucement. Elle ramasse la fleur et ses yeux se remplissent de tristesse. Encore plus qu'ils n'en contenaient déjà. Elle retourne à sa place. Elle serre la rose contre son cœur.
La jeune fille finit de boucler sa valise et rit devant les bêtises que raconte une autre adolescente. C'est ce soir le premier jour de vacances et dès le lendemain matin elle part. Elle se tourne ensuite vers son amie et lui dit que c'est bon elle a fini. Alors toutes deux s'assoit sur le lit et sorte une trousse de maquillage. Tout en racontant leur impressions sur cette dernière journée de cour, cette dernière journée au collège, elles se préparent. Ce soir c'est le bal, enfin la boume, du collège. Cette fête est réservée à ceux qui passe l'an prochain au lycée. C'est la fête de l'année qu'ils attendent tous depuis plus d'un mois. Elles sont excitées comme des puces et ne sont pas les seules. L'an prochain elle rejoignent la cour des grands. Elles restent là une heure à se raconter les derniers ragots pendant qu'elles œuvrent sur leur propre visage ainsi que sur leur ongles. Puis, elle revêtent leur tenues de soirée. La première, une brune, porte un simple jean avec un haut à paillettes. La deuxième ressemble à un ange dans sa jupe blanche et sa chemise sans manches noire. Sa peau bronzé est amplement dévoilée et ses cheveux blonds lui font une auréole. Elle passe un coupe rapide de peigne dedans pendant que son amie met ses bottes. Quant à elle, elle chausse des escarpins noire et enroule une écharpe blanche au tour de son cou. Elle pousse doucement son amie hors de sa chambre alors que celle-ci lui pose une dernière question.
- Où vas-tu en vacances cette année Gabrielle ?
- Au texas
Dit-elle en refermant la porte derrière elle. Une fille blottit dans son canapé, enroulé dans une couette, le pot de pop-corn sur la table, une main au tour des genoux l’autre tenant la télé commande. Le JT. Zapper. Encore un autre JT, toujours le même reportage. Elle pousse un cri rageur et jette la télécommande au sol. Elle enfouit sa tête entre ses bras et pleure. Elle connait ce reportage par cœur. L’annonce de la découverte du corps d’un jeune de la ville, sa procession funèbre et les découvertes accompagnant sa mort : qu’il était un tueur, la démantelassions d’un gang au quel il appartenait et le fait que seul une jeune femme qui devait être sa coéquipière échappait encore à la justice et que devant le peu de preuve de son existence l’abandon des recherches.
- Chérie ?
Gabrielle se retourne et voit que ce n’est que sa mère. Elle lui sourit mais ses yeux pleurent. Eleonor poussa un faible cri et alla s’assoir à côté de sa fille. Elle la prit dans ses bras te la berça jusqu’à que les larmes se tarissent et cela prit du temps.
- Tu sais comment il est mort.
Gabrielle hocha la tête. Oui, elle sait. Il est mort parce qu’elle l’a tué. Et elle n’a même pas été capable de le tuer complètement, elle a eu besoin qu’il transforma ça en une sorte de suicide. De toute façon c’était plus une affirmation qu’une question.
-Que vas-tu faire ?
-Ce que j’aurais fait. Aller à l’université. Partir loin de là où il a vécu.
-Tu reviendras nous voir ?
-Oui… et fleurir sa tombe.
Elle se leva et essaya ses larmes. Eleonor lui sourit tendrement comme une mère qui sourit à son enfant puisque c’était ça. Gabrielle essaye vainement de faire de même mais ne réussit pas. Elle monta dans sa chambre et commença ses bagages.
Une jeune femme sort d'un bar. Elle finit de fermer sa veste et met en marche son mp3. Elle commence à marcher d'un bon pas dans les rues New-yorkaises. Elle regarde le ciel avec un air d'adoration que les autres n'ont pas. Des nuages assombrissent la fin de journée et les regards sont généralement plus inquiets qu'admiratif. Elle enfonce ses mains dans les poches de son pantalon et siffle en rythme. Cette journée lui rappelle tant de bons souvenirs. Ce fut par un jour pareil qu'elle devient une fille de la rue. Ce fut avec un temps équivalant qu'elle passa première épreuve au sien de son gang. Ce fut à cette époque là de l'année qu'elle devient Anjo das Trevas. Ce qu'elle est lui manque maintenant. Plus d'un an, un et demi même, qu'elle s'est rangée du « bon côté ». Maintenant, elle ne regrette pas mais recommencerait bien les « bêtises ». Elle est ce qu'elle est et cette année et demi lui a redonné confiance en elle. Elle est redevenue celle qui marche sur les pieds des autres. Anjo est de retour. Un sourire s'étale sur son visage. Il n'annonce rien de bon.
Anjo Das Trevas, o retorno do inferno...