Cela faisait quelques années que de nombreux changements se profilaient au sein de la famille Cullen. En effet, entre le départ de Chris, la fuite de Milie pour se rendre chez leurs ennemis les plus puissants et son retour quelques temps plus tard, le plus ancien des Cullen se trouvait tendu. Néanmoins, étant le pilier central du groupe, il se devait d’être fort et de ne pas se laisser aller. Que deviendraient-ils tous si lui aussi montrait plus que jamais ses peurs, ses angoisses…?! Il ne pouvait pas se le permettre.
Evidemment il était facile de dire de telles choses, mais beaucoup moins d’y parvenir, surtout lorsqu’un des membres de la famille est capable de lire dans les pensées ! Edward savait bien que tout cela tourmentait le docteur bien que ce dernier fasse tout ce qui était en son possible pour le cacher. Il en montrait alors le minimum, mais se voulait confiant malgré tout. Il ne pouvait décemment pas péter les plombs à croire que tout n’irait plus jamais bien, cela ne collait pas avec son caractère sérieux et réfléchi mais en plus il ne pouvait pas plonger tout le monde dans le désarroi.
Il avait tout de même fini par se confier à celle qui comptait le plus dans sa seconde vie : Esmée. Après un moment de silence, un très long moment d’ailleurs, il avait enfin expliqué ce qu’il avait sur le cœur, ce qui le gênait. Il avait décris ses craintes, il se devait de partager cela avec elle. Elle sans qui il ne serait pas aussi heureux à ce jour malgré leurs soucis. Elle avec qui il avait déjà tant partagé… Cela ne pouvait plus durer, ils devaient avoir une conversation. Hélas, dans une maison remplie de vampires cela se montrait parfois difficile. Et il fallait bien avouer que Carlisle profitait sans cesse de cette excuse pour garder tout cela pour lui jusqu’au jour où il n’eut pas réellement le choix.
>> Flash Back <<
Carlisle rentrait. Il avait travaillé toute la journée à l’hôpital de Fort Smith, et ce jusqu’à une heure assez avancée dans la soirée. Mais il fallait dire aussi que de nombreux patients y avaient été admis ces derniers jours et chaque docteur avaient alors des heures supplémentaires à faire. Evidemment Carlisle n’en était pas gêné. Du moins pas physiquement puisqu’il ne ressentait jamais aucune fatigue. De plus, il aimait aider les gens, les soigner du mieux qu’il pouvait et parfois même faire des miracles. Ainsi il avait alors l’impression de racheter -plus ou moins- le mal qu’il portait en lui depuis qu’il avait été mordu plusieurs siècles auparavant. En revanche, avec les soucis familiaux qui trainaient chez eux ces derniers temps, le médecin aurait aimé pouvoir être un peu plus présent auprès de ceux qu’il aimait. Sa femme notamment. Oui, bien qu’ils ne soient pas très loin l’un de l’autre et qu’il puisse la joindre entre deux consultations, Carlisle avait un peu l’impression de la délaisser et ce n’était franchement pas le moment !
Bref, ce soir là, il était donc rentré tard et avait trouvé une maison bien silencieuse. Cependant, Esmé était là, il pouvait sentir son odeur depuis le seuil de la porte il était certain qu’il en était de même pour elle. Et puis d’ailleurs dans son cas, le bruit de la voiture de Carlisle ne faisait aucun doute sur sa venue. Elle avait du l’entendre depuis quelques kilomètres déjà… cependant, elle n’était pas venu l’accueillir à la sortie du garage. Non, elle s’était contentée de l’attendre au salon, assise dans un fauteuil avec un livre entre les mains. Elle était toute seule, les enfants étaient donc sans doute partis chasser ou en tout les cas partis vaquer à leurs occupations. Cela n’était pas plus mal. Le couple principal de la famille n’avait pas eu l’occasion de se retrouver tous les deux depuis un bon moment et c’était une chose qui manquait à Carlisle bien qu’ils n’aient pas besoin d’être constamment collés l’un à l’autre pour s’aimer.
Le docteur salua alors chaleureusement sa femme d’un grand sourire avant de l’embrasser avec délicatesse tandis que celle-ci venait de se lever don son fauteuil et avait posé son livre. Elle avait l’air heureuse de le voir, comme toujours bien qu’elle ne cessa de lui jeter des regards instigateurs. Elle donnait la sensation de penser que quelque chose n’allait pas, que Carlisle gardait des choses pour lui. Bien sur, elle n’avait pas tord. Elle le connaissait par cœur depuis le temps qu’ils vivaient ensembles, elle n’avait plus besoin de lui parler pour savoir lorsque ça n’allait pas même si le docteur faisait le maximum pour le cacher. Plus tard dans la soirée, alors qu’ils étaient toujours aussi seuls, elle avait fini par lui poser la question, ne tenant vraisemblablement plus au silence sur le sujet.
- Carlisle, je sais que quelque chose ne va pas… ça dure depuis un moment déjà, pourquoi ne me dis-tu rien ?
Carlisle avait alors soupiré. Il avait toujours été celui qui venait réconforter les autres et non pas celui qui devait être réconforté ! Bien sur, avec Esmé c’était un peu différent, elle était la seule en mesure de le calmer, la seule capable d’arranger tout ses soucis. Il avait alors soupiré puis l’avait regardé dans les yeux, cherchant les bons mots. Ce n’était pas si dur après tout d’en parler avec elle, Esmée ressentait la même chose que lui, sinon pire ! Avec un amour débordant comme le sien, il était impensable que ce ne soit pas le cas.
- Je ne suis pas censé baisser les bras… tout le monde a besoin de moi, je ne peux pas ma permettre de me montrer perdu, car voilà mon problème ! Je ne sais plus trop quoi penser tu sais. Notre situation est si étrange !
Carlisle avait alors arpenté la pièce d’une démarche lente pour une fois, le regard dans le vide. Vide c’était d’ailleurs la sensation qu’il avait, il était vide ! Comme s’il était réellement fatigué de toute cette histoire. En réalité il l’était un peu. Mais pas physiquement bien sur, ce n’était que de la fatigue morale. Il ne savait plus quoi penser de ces départs étranges, et surtout de ce retournement de veste de la part de Milie. Que s’était-il passé pour qu’elle tourne ainsi le dos à sa propre famille pour aller en plus rejoindre ceux qui avait une fois tenté de détruire tout leur clan ? Quel avait été le problème ? Pourquoi avait-elle fait ça ? Personne ne le savait et cela était le plus déchirant dans l’histoire. Il reprit alors, s’arrêtant devant la fenêtre.
- Milie… je me demande bien pourquoi elle a fait ça ! Je respecte ses choix, je respecte toujours les choix de tout le monde mais… c’est quelque chose de tellement étrange venant de sa part. Elle avait tout pour être heureuse avec nous. Et même si quelque chose lui manquait, pourquoi quitter les siens ? Nous sommes sa famille ! Faire preuve de si peu de loyauté envers de si proches parents me désole… je suis inquiet de tout ça. Chris aussi, me fais craindre le pire. Nous n’avons pas de nouvelles depuis longtemps…
<< Fin du Flashback >>
Ce soir là, Esmée l’avait rassuré. Elle aussi craignait pourtant qu’il soit arrivé malheur à Chris et ne comprenait pas plus que lui la raison qui avait poussé Milie à déserter le clan. Elle en était même très malheureuse, bien plus que lui qui avait toujours été plus fort. Sauf que ce jour là, elle avait su passer outre ses propres soucis pour détendre son mari qui en avait grandement besoin. Certes, cela avait tout de même eu l’effet d’apaiser également Esmée. Il était agréable pour le médecin d’avoir une soirée en parfaite tranquillité avec sa femme afin de discuter, d’échanger leurs points de vue sur les sujets qui les tracassaient… et peut être passer un moment plus intime !
Mais cela ne regarde personne d’autre que les deux concernés !